L’imp(a)nsable, c’est vous, moi, c’est l’humain : apparemment une

blessure parlante qui se blesse et qui blesse indéfiniment. Le « a » de l’imp(a)nsable

est d’abord un aveu d’impuissance générique de la pensée face à la réalité

du « mal » mystérieux qui ronge de l’intérieur notre intelligence réfléchissante.

Il invite à réaliser que la pensée qui, depuis des millénaires, tente de se représenter

ce traumatisme originaire qui nous meut et nous émeut chaque seconde

durant, à notre insu, n’est qu’un p(a)nsement inefficace, un subterfuge dérisoire

qui ne fait que renforcer le complexe de cette plaie désirante. L’édifice entier du

savoir humain est une sécrétion d’esprits très intelligents et très fous, en proie à

une blessure incurable que nous ne parvenons pas à p(a)nser par nous-mêmes.

       

         D’où l’extrême violence de son refoulé qui nous explose au visage à travers

la programmation industrielle de nos vies. Aussi lucides soyons-nous, nous refoulons le nerf insaisissable de cette fissure venimeuse hors de vue. La haine mortelle que 

nous nous vouons inconsciemment au point d’attenter maintenant à la survie

même de notre espèce dépasse totalement notre entendement. Cette blessure parlante,

sans origine ni finalité assignables : c’est la naissance au temps, que nous nommons           l’archi-traum de finitude.

        

        L’imp(a)nsable est l'auteur collectif sans noms d'un laboratoire des écritures désemparées. Des plasticiens, écrivains, poètes, cinéastes, philosophes, ont mêlé le cri  de leur métamorphose en témoignant d'un processus expérimental de pénétration consciente du mur temporel, un mur d'hallucination mortelle qui produit ciné-mécaniquement de toute pièce la soi-disant condition temporelle de nos vies.